Le Spleen LXXV est le
premier d’une série de quatre dans la première section des Fleurs
du Mal, « Spleen et Idéal ». Il succède à la
série sur l’Idéal et à un poème qui annonce l’échec du poète
à s’y élever, La Cloche Fêlée. Inaugurant le cycle des
Spleen ce poème reçoit donc la mission de définir cette notion qui
n’est pas exclusivement baudelairienne mais que Baudelaire a
certainement comme nul autre perçue comme consubstantiel à son être
et à son travail poétique. Nous souhaiterions nous interroger ici
sur la manière dont Baudelaire allégorise un état d’âme à
travers une succession d’images au sein d’une forme très
codifiée : le sonnet. Ainsi nous étudierons tout d’abord
l’omniprésence de la mort, qui envahit les quatre strophes et
presque chacun des quatorze vers. Puis nous nous demanderons si le
spleen n’est pas une autre forme de mort, la perte de toute
sensibilité. Enfin nous tâcherons de montrer que la poésie, si
elle offre au poète un répit face au spleen, lui donne aussi
l’occasion d’en désigner l’origine dans une vision qui nous
semble chrétienne.
- Omniprésence de la Mort.
- Le mouvement du sonnet mouvement du spleen : la mort envahit l’espace.
Faire
un relevé vers par vers des occurrences, décrire le mouvement
d’abord vertical puis horizontal mouvement
descendant, écrasant
S1
le ciel sur la ville, S2 le carreau (sol mais aussi vitre) et la
gouttière (descendant ou horizontal) S3 et S4 horizontal bourdon
bûche pendule jeu cartes.
- Spleen ce jour, spleen toujours : une invasion spatiale et temporelle.
Texte
au présent mais présence du passé (irrité, défunts) et du futur
par les cartes qui disent l’avenir+ fatal.
- La mort contamine l’espace, le temps, les êtres et les choses.
Habitants
périphrase euphémisme, faubourgs métonymie, poète fantôme, vieille
héritage chat semble échapper à la mort mais sa vie est sans repos à la
recherche d’une litière = cercueil ?
- Le spleen comme perte de la sensibilité.
- Le froid, gel des sens.
Occurrences
froid frileux + recherche de sonorités fricatives FR BR DR TR et RF
RD RB RT
- Les parfums, les couleurs et les sons ne se répondent plus.
Disparition
progressive des sens dysphonie, rupture d’harmonie."fausset", "sales parfums"
- La création poétique, répit du remords.
- Le spleen punition divine
Personnification
Pluviôse, maj +premier mot+urne
Le
Déluge, Sodome et Gomorrhe.
- L’intériorisation du mal
La
vieille hydropique, dévalorisation par substantivation de l’adj,
rime inclusive dame de pique hydropique et inclusion du mal par la
rime et par l’eau. Rôle de la femme.
- Jeu poétique
Sales
parfums écho de l’oxymore Fleurs du Mal, le jeu peut se lire comme
le travail de la création, un dialogue entre l’Amour et la Mort,
les cartes n’étant autre que les poèmes. Une poésie qui
« cause » (rime avec pluviôse) sinistrement mais qui
demeure la seule voix perçue par le poète.
Conclusion :
Ce
premier « Spleen » de la série offre une vision de la
mort généralisée qui tend aussi à ôter du monde toute
sensibilité et à rompre toute harmonie. Le spleen devient comme une
faute intérieure que la poésie ne peut faire cesser mais se
contente d'évoquer. Ce premier des quatre « Spleen »
n'est pas le plus désespéré. La clôture de la série ôtera en
revanche tout espoir.
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