mardi 27 mai 2014

Spleen LXXV

Le Spleen LXXV est le premier d’une série de quatre dans la première section des Fleurs du Mal, « Spleen et Idéal ». Il succède à la série sur l’Idéal et à un poème qui annonce l’échec du poète à s’y élever, La Cloche Fêlée. Inaugurant le cycle des Spleen ce poème reçoit donc la mission de définir cette notion qui n’est pas exclusivement baudelairienne mais que Baudelaire a certainement comme nul autre perçue comme consubstantiel à son être et à son travail poétique. Nous souhaiterions nous interroger ici sur la manière dont Baudelaire allégorise un état d’âme à travers une succession d’images au sein d’une forme très codifiée : le sonnet. Ainsi nous étudierons tout d’abord l’omniprésence de la mort, qui envahit les quatre strophes et presque chacun des quatorze vers. Puis nous nous demanderons si le spleen n’est pas une autre forme de mort, la perte de toute sensibilité. Enfin nous tâcherons de montrer que la poésie, si elle offre au poète un répit face au spleen, lui donne aussi l’occasion d’en désigner l’origine dans une vision qui nous semble chrétienne.

  1. Omniprésence de la Mort.
    1. Le mouvement du sonnet mouvement du spleen : la mort envahit l’espace.
Faire un relevé vers par vers des occurrences, décrire le mouvement d’abord vertical puis horizontal mouvement descendant, écrasant
S1 le ciel sur la ville, S2 le carreau (sol mais aussi vitre) et la gouttière (descendant ou horizontal) S3 et S4 horizontal bourdon bûche pendule jeu cartes.
    1. Spleen ce jour, spleen toujours : une invasion spatiale et temporelle.
Texte au présent mais présence du passé (irrité, défunts) et du futur par les cartes qui disent l’avenir+ fatal.
    1. La mort contamine l’espace, le temps, les êtres et les choses.
Habitants périphrase euphémisme, faubourgs métonymie, poète fantôme, vieille héritage chat semble échapper à la mort mais sa vie est sans repos à la recherche d’une litière = cercueil ?

  1. Le spleen comme perte de la sensibilité.
    1. Le froid, gel des sens.
Occurrences froid frileux + recherche de sonorités fricatives FR BR DR TR et RF RD RB RT
    1. Les parfums, les couleurs et les sons ne se répondent plus.
Disparition progressive des sens dysphonie, rupture d’harmonie."fausset", "sales parfums"



  1. La création poétique, répit du remords.
    1. Le spleen punition divine
Personnification Pluviôse, maj +premier mot+urne
Le Déluge, Sodome et Gomorrhe.
    1. L’intériorisation du mal
La vieille hydropique, dévalorisation par substantivation de l’adj, rime inclusive dame de pique hydropique et inclusion du mal par la rime et par l’eau. Rôle de la femme.
    1. Jeu poétique
Sales parfums écho de l’oxymore Fleurs du Mal, le jeu peut se lire comme le travail de la création, un dialogue entre l’Amour et la Mort, les cartes n’étant autre que les poèmes. Une poésie qui « cause » (rime avec pluviôse) sinistrement mais qui demeure la seule voix perçue par le poète.
Conclusion :
Ce premier « Spleen » de la série offre une vision de la mort généralisée qui tend aussi à ôter du monde toute sensibilité et à rompre toute harmonie. Le spleen devient comme une faute intérieure que la poésie ne peut faire cesser mais se contente d'évoquer. Ce premier des quatre « Spleen » n'est pas le plus désespéré. La clôture de la série ôtera en revanche tout espoir.

dimanche 25 mai 2014

Correspondances - Les Fleurs du Mal

Correspondances
IV
Section Spleen et Idéal


Quatrième poème de la section, ce sonnet occupe une place de choix dans la première section des Fleurs du Mal, au début d’une série qui concerne la fonction, le rôle du poète. Il succède à « Bénédiction » (la mère : « Ah que n’ai-je mis bas tout un nœud de vipères »), à « L’Albatros » (« Le poète est semblable au prince des nuées ») et « Élévation » (« Mon esprit tu te meus avec agilité »), trois poèmes qui semblent décrire un mouvement ascendant celui de la quête vers l’Idéal.
LECTURE
Ce sonnet apparaît comme un sonnet didactique (=qui expose une leçon) sur les correspondances. Que sont les correspondances et en quoi nous renseignent-elles sur le monde, telle est la question à laquelle répond le sonnet dans les deux premiers quatrains, puis les tercets illustrent la théorie à travers les parfums décrits dans une dichotomie qui oppose l’innocence et la pureté à la sensualité. Nous examinerons tout d’abord le sonnet comme une théorie des correspondances, puis nous analyserons la description des parfums et enfin nous voudrons voir dans « Correspondances » l’ébauche d’un art poétique.

  1. La théorie des correspondances
Le sonnet s’énonce au présent de vérité générale, des formules semblent des définitions « il est… ». Quelle est la conception de Baudelaire ?
    1. Il envisage tout d’abord l’univers comme un tout, une unité.
Plus tard en 1861, parlant de Hugo, il écrira : « (…) les choses s’étant toujours exprimées par une analogie réciproque, depuis le jour où Dieu a proféré le monde comme une complexe et indivisible unité ». Cette vision s’associe à une vision panthéiste (Dieu partout dans la nature) signalée par le « N » de Nature, la métaphore du temple et la présence de l’encens. L’Homme n’est qu’un élément fugitif, éphémère, il « passe » tandis que tout vit autour de lui. Les « vivants » piliers, les « paroles », « observent » « regards familiers » sont autant de termes qui personnifient le monde. Mais Baudelaire s’éloigne ici des Romantiques en ce qu’il ne décrit pas la nature, le paysage. Les éléments naturels sont surtout métaphoriques « forêt » ou étayent une comparaison « prairies ».
    1. L’unité du monde est un reflet de l’Idéal.
L’image des piliers suggère un correspondance verticale entre le haut (l’Idéal) et le bas le monde humain. Ce monde d’en haut livre un message et porte en bas comme des reflets ce qu’il est en haut. Ainsi l’univers de l’homme devient peuplé de symboles, qui sont comme les deuxième moitiés (voir étymologie de symbole) d’une vérité idéale. L’idée de verticalité se retrouve dans la « profonde » unité.
    1. Les correspondances sont aussi horizontales c’est-à-dire qu’elles concernent non plus le lien Idéal-monde mais le monde lui-même.
Le tout, l’unité est à retrouver en retrouvant les liens entre les différents objets de notre monde qui communiquent entre eux et sollicitent nos différents sens. Ce qui nous parvient nous parvient mélangé, « confus » comme des échos qui se « confondent ». Le terme de correspondances prend tout son sens dans le huitième vers, définitoire : « Les parfums les couleurs et les sons se répondent ». Les correspondances évoquent l’adéquation, le lien logique entre nos différents sens mais également les réponses qu’ils se donnent entre eux comme on entretient une « correspondance » en se répondant par lettres.

Ainsi le sonnet livre une sorte de théorie de l’univers où se trouvent définis la nature et l’homme.
Les parfums viennent alors livrer un exemple de ces correspondances à l’œuvre autour de nous.


  1. Son illustration par les parfums(à développer par les citations du texte)

Le parfum renvoie assez clairement aux Fleurs par métonymie, et il est aussi un aspect des fleurs.
    1. l’association des sensations.
Les deux tercets illustrent le vers 8. Ainsi toutes les comparaisons des vers 9-10 associent la perception olfactive à trois autres. « Chairs d’enfants » renvoie au toucher, etc. Mais chaque adjectif est lui-même polysémique, ainsi « frais », « doux » et « vert » renvoient à la jeunesse et à l’innocence, la pureté. La correspondance s’établit entre des sensations et un état.
    1. L’antithèse
Le vers suivant marque une rupture : « il en est d’autres »
La sphère sociale semble convoquée de nouveau par la polysémie « corrompus, riches et triomphants ». Le premier adjectif signifie en un sens déjà ancien au XIXème siècle, en décomposition. Plus communément il signifie mauvais au sens moral.
Le comme n’est plus ici comparatif mais introduit des exemples. Les parfums cités sont marqués par une double origine végétale pour l’encens et le benjoin, animale pour l’ambre et le musc. Cette dualité prépare celle de l’alliance dans le transport de « l’esprit et des sens ». On retrouve ici l’image déjà suggérée dans « L’Albatros » de l’homo duplex, fait de chair et d’âme, mais réconcilié dans l’infini du parfum, où spiritualité et sensualité entrent en correspondances.




  1. et par une écriture poétique correspondante.
Le poème de Baudelaire ne se contente pas d’illustrer les correspondances par le parfum. Il les met en œuvre dans son écriture même, comme si le déchiffrement du symbole revenait à l’artiste. Il faut aux correspondances une langue correspondante.
    1. Cette langue repose sur l’analogie
Le déchiffrement amène le poète à effectuer des rapprochements fondés sur la ressemblance. La figure de style privilégiée est la métaphore (nature temple, forêt de symboles, vivants piliers). La comparaison est aussi une figure de choix, six occurrences de « comme » et celui du dernier tercet, qui commencent comme correspondances.
    1. Sur l’harmonie
La langue se fait imitative. Ainsi le vers 5
« Comme de longs échos qui de loin se confondent » répète les consonnes KDLK KDLK dans un écho sonore qui double le signifié par le signifiant (le sens par le son).
    1. Et sur l’alliance des contraires
Enfin le poète joue sur l’alliance des contraires –titre du recueil et de la section- qui se retrouve dans les figures d’oxymore et d’antithèses. Oxymore vaste comme la nuit et comme la clarté, antithèse « il est- il en est d’autres », « l’esprit -les sens ».
Le dernier vers contient également une rime pour l’œil qui s’oppose en quelque sorte à a rime pour l’oreille mais rend compte ainsi encore d’une synesthésie qui mélange deux sens : l’auditif et le visuel.


« Correspondances » développe une théorie universelle de déchiffrement. Baudelaire y donne à la fois les clés de sa vision du monde, hiéroglyphique et dichotomique, déchiffrable pour le poète, mais également un art poétique de la correspondance en action, qui fait du langage non un reflet du monde mais un objet de ce monde.

jeudi 15 mai 2014

Plan de commentaire pour l'article Guerre du DDP

Plan d'étude pour l'article « Guerre » du Dictionnaire philosophique portatif


A la Renaissance, Machiavel dans Le Prince écrit qu'un monarque doit avoir « l'art de simuler et de dissimuler » ou encore « Le Prince ne doit pas être remarquable, mais il doit être tenu pour remarquable », et qu'il doit tenir un équilibre entre cruauté et pitié.
Au XVIIIème siècle Frédéric II de Prusse écrit L'Anti-Machiavel.L'ouvrage de FII tâchait de prendre le contre pied de ces recommandations. L'anti-Machiavel de Frédéric II de Prusse a été relu et corrigé par Voltaire à la demande de FII.
Au regard de l'attitude de FII devenu roi, L'Anti-Machiavel est« un cimetière de bonnes intentions » et peut-être Voltaire se venge-t-il un peu dans le Dictionnaire philosophique portatif de 1764 sous-titré La Raison par l'alphabet dans son article « Guerre ».
Lecture
Cet extrait de l'article se présente sous la forme d'un récit qui dénonce. Le recours au narratif est une arme fréquente chez Voltaire. Comment Voltaire fait-il du récit un réquisitoire ? Il sera tout d'abord possible d'étudier la manière dont l'anecdote devient universelle puis de montrer comment Voltaire désigne des responsables tout en indiquant ses préférences philosophiques.

  1. De l'anecdote à l'universel
    1. Des personnages de plus en plus nombreux
    le début est comme un conte, au moins le début d'une histoire. La présence des indéfinis contribue à lui donner une faible portée. Pourtant peu à peu la multiplication des acteurs vient accentuer son importance.
    2. Une chronologie accélérée
    asyndète absence de coordination, de subordination. Juxtaposition qui renforce l'impression de chaos.
    3. Une guerre universelle infantile et absurde


  1. Un réquisitoire contre les lois qui mènent à la guerre
    1. Les responsables désignés de la guerre
    a. Le pouvoir héréditaire
    b. L'avidité territoriale
    c. Le droit divin- l'église catholique
    2.En creux Voltaire appelle de ses vœux un régime politique différent
    a. La question du consentement—droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
    b. La protestation-----la question de l'opinion publique et de la liberté d'expression


Conclusion Cet extrait de l'article Guerre ressemble à un apologue aux multiples cibles. Il ne repose pas sur le pathétique, comme les articles de l'Encyclopédie ou le chapitre 3 de Candide. Il fait appel à la raison, montre l'absurdité de la guerre et offre en filigranes des perspectives de changement. Voltaire reste fidèle à son parti pris narratif comme arme argumentative, il n'en est pas moins efficace que ses contemporains encyclopédistes.

Plan d'étude chap 19 Candide

Les textes des Lumières contre l'esclavage ne sont pas si nombreux. On connaît le texte de Montesquieu extrait de L'Esprit des lois, et intitulé « De l'Esclavage des nègres », texte ironique mais ambigu au point qu'on l'a retrouvé avec le Code Noir dans certains bateaux négriers, ou encore plus explicite l'article « Traite des Nègres » de l'Encyclopédie, de Jaucourt, tardif puisqu'à la lettre « T ». Rousseau n'écrira pas de texte spécifique. Voltaire y consacre le court chapitre 19 de Candide.

A peine sorti de l'Eldorado avec Cacambo, à peine sorti du paradis en quelque sorte, Candide se heurte à une des terribles abominations de l'Ancien Régime, l'esclavage. Il rencontre aux portes de Surinam, en Guyane hollandaise, un esclave. Dans la tradition du dialogue philosophique celui-ci va lui apprendre sa situation.

Lecture

Petite scène fidèle aux habitudes de Candide, cette rencontre permet un exposé fidèle, concis, vivant de la condition de l'esclave et des aspects de la traite. Nous pourrons ainsi examiner les éléments du dialogue puis le pathétique propre à cette scène.



  1. L'esclavage, le « nègre » : un narrateur hors-pair, un philosophe expert
    1. des conditions terribles régies par le Code Noir
    Les allusions de Voltaire sont transparentes pour qui connaît le Code Noir. Chaque évocation par l'esclave d'un aspect de son existence est une référence au texte juridique institué sous Colbert pour réglementer l'esclavage. La fiction hollandaise laisse donc transparaître une situation française. Ainsi pour les mutilations, l'habit, mais également pour la religion puisque le Code intime aux propriétaires de faire baptiser les esclaves.
Derrière l'apparence d'un exotisme facile, chiens perroquets, fétiches, Voltaire fait donc référence à une situation juridique précise. Mais tout se dit ici à la manière de Voltaire, figures de symétrie, répétitions (« quand nous...)

2. Un commerce
Par ce personnage mutilé et pourtant très clair, Voltaire expose aussi les conditions de la économiques de la traite. Les acteurs sont bien sûr le maître au nom transparent « vendeur à la dent dure » , les parents qui ont vendu leur enfant qui a fait leur « fortune », et le consommateur final, celui qui mange le sucre en Europe. L'esclave est l'expert de son sort. Le dialogue fictif sert un exposé déguisé, mais il demeure vivant, alerte, fait intervenir au style direct la mère, tout en donnant des détails exacts, « côte de Guinée », « écus patagons ».

3.la complicité de la religion
Enfin Voltaire ne manque pas de mettre évidence les inconséquences d'une religion qui prône la fraternité de tous et autorise l 'esclavage. Est-ce une allusion aux conclusions de la Controverse de Valladolid qui accordant une âme, in extremis, aux Indiens d'Amérique, préconise de chercher des esclaves en Afrique ? Là encore l'esclave est un narrateur philosophe, un Candide bis, en plus ironique (« je ne suis pas généalogiste ») dans sa dernière remarque, « Vous m'avouerez... »

Ce personnage de l'esclave est un des jalons de la tradition philosophique, un des sages « naturels »que l'Européen rencontre, tels les rois cannibales de Montaigne, le Tupinamba de Jean de Léry ou le Tahitien de Diderot. Son discours, valable en lui-même comme dénonciation de l'esclavage est aussi une nouvelle bataille gagnée dans la lutte contre l'ennemi philosophique du conte, l'Optimisme.



  1. Une rencontre et deux dialogues
    1. au sein du récit, une rencontre en chemin.
    Le dialogue s'insère dans le parcours de Cacambo et de Candide. On peut comparer la première et la dernière phrase, similitude de construction gérondif passé simple « en approchant (…) ils rencontrèrent » « en pleurant(...)il entra ». Entre les deux, l'esclave et le dialogue.
    2.Un dialogue en cache un autre.
    Le premier, sur l'esclavage et le plus important bien sûr deux questions suffisent et un mot en syllepse, « traité » agir avec, mais aussi comme l'anglais « trade », commercer , est le
    prélude à un échange radical sur l'optimisme.
Cacambo devient le questionneur et Candide le philosophe expert. Une définition dénonciation de l'optimisme « la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal » fait écho à la définition radicale de l'esclavage « à ce prix que vous mangez du sucre en Europe ».

Le gérondif « en pleurant » marque la progression pathétique du personnage. Candide vient d'abandonner Pangloss et ses dernières illusions. Pourtant il reste de nombreux chapitres et beaucoup de voyages et de récits avant la fin du conte. Cela a fait dire à quelques commentateurs que ce chapitre avait été rajouté, charge oubliée contre l'esclavage peut-être. Toujours est-il que Voltaire y est fidèle à son style, volontairement peu didactique et pourtant assez précis et documenté. Et ce chapitre contre l'esclavage reste aussi un chapitre contre l'Optimisme et la religion.

Plan d'étude Chapitre 3 Candide

Candide chap 3

Sit :
Candide chassé du paradis terrestre, enrôlé, déserteur, condamné à mort, gracié, le voilà soldat combattant, au seuil de la guerre.
Passage descriptif occasion de dénoncer l'absurdité et la cruauté de la guerre, ainsi que de réitérer ses sarcasmes contre les philosophes, par l'arme de l'ironie mais aussi par un certain pathétique, brutal et sec.

Un spectacle grandiose et sanglant.
  1. Description des deux armées
    symétrie équivalence hyperbole répétition
    genre épique, chanson de gestes, exploits de héros (étymologie demi-dieu)
    amplification dans la première phrase et musique entourant la guerre
  2. parodie d'épopée
    burlesque en mélangeant les registres « coquins » « infester »...
  3. caractère mécanique des trois assauts, augmentation du nombre des victimes, déshumanisation bilan approximatif et comptable, paroxysme ironique dans la trouvaille finale. L'oxymore allie les deux aspects du burlesque et finit de dénoncer le mensonge de la guerre héroïque pour ne laisser que l'image du carnage sanglant et animal.
Un spectacle pathétique
  1. les civils
    Le passage dans les villages change le ton. Omniprésence des corps des faibles des sans défense, vieillard,etc ;
  2. désordre désarticulé
    la guerre détruit l'ordre social elle instaure le chaos, ici elle désarticule les corps jamais vus dans leur intégrité. Blessures, membres, etc. cacophonie
Une perte de sens, l'absurdité
  1. guerre strictement équivalente dans les deux camps
  2. responsabilité des rois
  3. responsabilité de la religion.

A peine sorti du paradis terrestre dont il a été chassé Candide se retrouve aux prises avec la guerre. Le lecteur lui suit Voltaire dans une dénonciation rigoureuse et sans répit du chaos du monde et ici de la guerre spectacle absurde, insoutenable et dont les responsables sont à la fois les rois et les religieux. Le voyage de Candide commence et il n'y a déjà plus beaucoup de raison d'être optimiste.

mercredi 7 mai 2014

Bac Blanc- Question de corpus-corrigé

Bonjour à vous
Vous trouverez ici un corrigé de la question de corpus. J'y ajoute un lien sur la question de la méthodologie . Je maintiens que l'important est de comparer les textes, et que le plan synthétique n'est pas toujours pertinent, et n'est pas exigible.
 http://www.weblettres.net/spip/article.php3?id_article=431




Corrigé
Le châtiment suprême de la peine de mort, question hautement sensible encore aujourd'hui dans des pays comme la Chine ou les États-Unis, a vu ses détracteurs aiguiser leurs plumes et leurs arguments. Maximilien Robespierre, dans un discours de 1791, VH dans un roman, Le Dernier jour d'un condamné en 1832 et Albert Camus dans ses Réflexions sur la guillotine en 1957,ont cherché à convaincre de son abolition. Comment ?
Chez Robespierre, dirigeant de la Révolution française et futur chef d'orchestre de la Terreur, l'argumentation est directe. Il s'adresse aux législateurs, en s'appuyant sur un argument d'autorité : la peine de mort est contraire aux lois divines. Son discours s'articule sur deux preuves complémentaires : la peine de mort dérègle l'ordre social et elle est inefficace en matière d'ordre public car elle ne dissuade pas. Enfin, pour Robespierre, peine de mort et pays libre sont antinomiques. Deux cents ans plus tard Camus rejoint Robespierre sur la question du désordre social créé par la peine de mort. Mais, ne s'adressant pas à des Parlementaires, son argumentation directe également s'appuie sur un exemple, une narration exemplaire, le récit, tiré de sa vie personnelle, de l'expérience de son père, partisan de la peine de mort avant d'avoir assisté à une exécution, mais totalement bouleversé après. Le dégoût profond qui en résulte permet à Camus de tirer une conclusion générale sur la nécessité de l'abolition. Moins que des vérités éternelles c'est d'un homme exemplaire, archétypal, qu'il tire la force de son argumentation.
La démarche d'Hugo s'éloigne des précédentes en ce qu'elle va chercher dans la fiction une argumentation totalement indirecte et qui, à aucun moment, ne réclame l'abrogation de la peine capitale. En créant un personnage fictif qui s'exprime à la première personne Hugo va mettre en œuvre le pathétique, donner à la peine de mort une force propre, obsédante, inquiétante, écrasante, mort avant la mort, et de ce fait lui retirer tout pouvoir de justice contre un criminel. Au contraire, son personnage, dont on ignore totalement le crime, semble être un homme comme les autres. L'argumentation indirecte entraîne alors le lecteur dans la compassion et le conduit à conclure lui-même en faveur de l'abolition.
Si Robespierre argumente de manière directe, s'appuyant sur des vérités éternelles, Camus privilégie l'exemplum, et Hugo la fiction pathétique. Tous trois partagent le même but qui ne sera atteint qu'en 1981 en France, l'abolition de la peine capitale.

mardi 6 mai 2014

Corrigé devoir sur Micromégas

1.
Micromégas, écrit par Voltaire 1752, présente les aspects d’un conte philosophique. Il relève à la fois du conte, de la discussion philosophique, et permet la légèreté grivoise.

Il a bien sûr les apparences du conte traditionnel avec ses héros hors du commun. Ainsi Micromégas meure 32 km et son compagnon 1.8 km. Les deux personnages se promènent et font des découvertes. Le récit est bien « fabuleux » à la manière de l’exemple anglais des Voyages de Gulliver de J. Swift.
Cet aspect fabuleux permet en fait une réflexion philosophique. Les questions posées par le nain de Saturne et la réaction des hommes soulèvent le problème de la nature de l’homme et de sa place dans l’univers.
Enfin la légèreté propre au genre n’est pas absente. Voltaire affectionne les allusions grivoises comme ici celle à « un endroit nommé par Swift » mais tu par le narrateur à cause de son « grand respect pour les dames ».

Micromégas présente donc bien les caractéristiques du conte philosophique, tout en étant plus statique et plus dialogué que Candide ou Zadig.

  1. Dans le dialogue entre le nain de Saturne et les hommes Voltaire met en évidence deux aspects simultanés et contradictoires de la position de l’homme dans l’univers, aspects portés dès le titre par le nom du personnage éponyme, alliance de l’infiniment petit et de l’infiniment grand, Micro = petit et méga= grand. Par sa taille et au regard de l’univers l’homme semble minuscule. En l’opposant ici à Micromégas et au nain de Saturne, Voltaire souligne cette position, comme Pascal (pensée 72)un siècle plutôt déclarait l’homme « un néant à l’égard de l’infini ».
Mais immédiatement après Voltaire rend ce néant capable de mesurer les deux géants, c’est-à-dire capable métaphoriquement de comprendre le monde qui l’entoure, d’en prendre la mesure et de s’y situer, il lui accorde un esprit supérieur. Ce faisant il déclare sa double admiration pour le créateur et pour l’homme. Nous avons affaire ici à un apologue humaniste.
Voltaire est plus optimiste que Pascal qui dans ses Pensées écrivait :« Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. »

VACANCES ET TRAVAIL

Bonjour à vous et merci de votre compréhension cet après-midi, j'ai apprécié.
Reste à donner les devoirs de vacances.
La première chose c'est de continuer votre travail de fiche et de révision sur les textes étudiés en classes.

Ensuite vous devrez lire quelques poèmes dans l'édition des de 1861 des Fleurs du Mal.  Cette édition est une source libre téléchargeable sur plusieurs sites.

Ce parcours de lecture du recueil de Baudelaire Les Fleurs du Mal est minimal et obligatoire :
Au lecteur, Bénédiction, Élévation, Correspondances, Le Mauvais Moine, La Beauté, L’Idéal, L’Harmonie du soir, Spleen 75, Spleen 78, L’Héautontimorouménos, À une Passante, Le Vin des Amants, Abel et Caïn, Le Voyage.

Pour nourrir votre lecture vous consulterez avec profit l'article Wikipédia sur Les Fleurs du Mal en vous intéressant à la structure de l'oeuvre et à son sens, à la démarche poétique de Baudelaire et à la réception.

Je publierai bientôt un corrigé de la question de corpus du bac blanc.
 Bon courage.