Micromégas,
écrit par Voltaire 1752, présente les aspects d’un conte
philosophique. Il relève à la fois du conte, de la discussion
philosophique, et permet la légèreté grivoise.
Il
a bien sûr les apparences du conte traditionnel avec ses héros hors
du commun. Ainsi Micromégas meure 32 km et son compagnon 1.8 km. Les
deux personnages se promènent et font des découvertes. Le récit
est bien « fabuleux » à la manière de l’exemple
anglais des Voyages
de Gulliver de
J. Swift.
Cet aspect fabuleux
permet en fait une réflexion philosophique. Les questions posées
par le nain de Saturne et la réaction des hommes soulèvent le
problème de la nature de l’homme et de sa place dans l’univers.
Enfin la légèreté
propre au genre n’est pas absente. Voltaire affectionne les
allusions grivoises comme ici celle à « un endroit nommé par
Swift » mais tu par le narrateur à cause de son « grand
respect pour les dames ».
Micromégas
présente
donc bien les caractéristiques du conte philosophique, tout en étant
plus statique et plus dialogué que
Candide
ou Zadig.
- Dans le dialogue entre le nain de Saturne et les hommes Voltaire met en évidence deux aspects simultanés et contradictoires de la position de l’homme dans l’univers, aspects portés dès le titre par le nom du personnage éponyme, alliance de l’infiniment petit et de l’infiniment grand, Micro = petit et méga= grand. Par sa taille et au regard de l’univers l’homme semble minuscule. En l’opposant ici à Micromégas et au nain de Saturne, Voltaire souligne cette position, comme Pascal (pensée 72)un siècle plutôt déclarait l’homme « un néant à l’égard de l’infini ».
Mais immédiatement après
Voltaire rend ce néant capable de mesurer les deux géants,
c’est-à-dire capable métaphoriquement de comprendre le monde qui
l’entoure, d’en prendre la mesure et de s’y situer, il lui
accorde un esprit supérieur. Ce faisant il déclare sa double
admiration pour le créateur et pour l’homme. Nous avons affaire
ici à un apologue humaniste.
Voltaire
est plus optimiste que Pascal qui dans ses Pensées
écrivait :« Car
enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à
l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre
rien et tout. »
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