Vous trouverez ici un corrigé de la question de corpus. J'y ajoute un lien sur la question de la méthodologie . Je maintiens que l'important est de comparer les textes, et que le plan synthétique n'est pas toujours pertinent, et n'est pas exigible.
http://www.weblettres.net/spip/article.php3?id_article=431
Corrigé
Le châtiment suprême de
la peine de mort, question hautement sensible encore aujourd'hui dans
des pays comme la Chine ou les États-Unis, a vu ses détracteurs
aiguiser leurs plumes et leurs arguments. Maximilien Robespierre,
dans un discours de 1791, VH dans un roman, Le Dernier jour d'un
condamné en 1832 et Albert Camus
dans ses Réflexions sur la guillotine en 1957,ont
cherché à convaincre de son abolition. Comment ?
Chez
Robespierre, dirigeant de la Révolution française et futur chef
d'orchestre de la Terreur, l'argumentation est directe. Il s'adresse
aux législateurs, en s'appuyant sur un argument d'autorité :
la peine de mort est contraire aux lois divines. Son discours
s'articule sur deux preuves complémentaires : la peine de mort
dérègle l'ordre social et elle est inefficace en matière d'ordre
public car elle ne dissuade pas. Enfin, pour Robespierre, peine de mort
et pays libre sont antinomiques. Deux cents ans plus tard Camus
rejoint Robespierre sur la question du désordre social créé par la
peine de mort. Mais, ne s'adressant pas à des Parlementaires, son
argumentation directe également s'appuie sur un exemple, une
narration exemplaire, le récit, tiré de sa vie personnelle, de
l'expérience de son père, partisan de la peine de mort avant
d'avoir assisté à une exécution, mais totalement bouleversé
après. Le dégoût profond qui en résulte permet à Camus de
tirer une conclusion générale sur la nécessité de l'abolition.
Moins que des vérités éternelles c'est d'un homme exemplaire,
archétypal, qu'il tire la force de son argumentation.
La
démarche d'Hugo s'éloigne des précédentes en ce qu'elle va
chercher dans la fiction une argumentation totalement indirecte et
qui, à aucun moment, ne réclame l'abrogation de la peine capitale.
En créant un personnage fictif qui s'exprime à la première
personne Hugo va mettre en œuvre le pathétique, donner à la peine
de mort une force propre, obsédante, inquiétante, écrasante, mort
avant la mort, et de ce fait lui retirer tout pouvoir de justice contre un criminel. Au
contraire, son personnage, dont on ignore totalement le crime, semble
être un homme comme les autres. L'argumentation indirecte entraîne
alors le lecteur dans la compassion et le conduit à conclure
lui-même en faveur de l'abolition.
Si
Robespierre argumente de manière directe, s'appuyant sur des vérités
éternelles, Camus privilégie l'exemplum,
et Hugo la fiction pathétique. Tous trois partagent le même but qui ne sera
atteint qu'en 1981 en France, l'abolition de la peine capitale.
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